Préface

Par Guy Borreman s.j.

C'est d'une façon continue que nous pouvons expérimenter dans l'Ecole de Prière "Source d'eau vive" que Jésus est vivant. "Que Jésus change nos vies" comme nous le dit le St. Père, est devenu pour nous une certitude.

Les racines de l'Ecole de Prière se situent au niveau des retraites Ignaciennes classiques, telles que je les donnais il y a 35 ans. Dès ce moment j'ai pu voir Dieu à l'œuvre parmi les retraitants. L'intuition de St. Ignace de laisser le Créateur seul à seul avec sa créature est source de changements radicaux dans l'homme. Dieu peut être Dieu à part entière.

Dans les années septantes, au tout début du Renouveau Charismatique, nous avons, avec quelques associés, reçu l'effusion de l'Esprit et nos retraites se sont transformées en vraies Pentecôtes. A la parole et à la prière, l'Esprit y ajoutait les charismes: le chant en langue, la prophétie, la parole de connaissance, la guérison etc... Depuis lors nos retraites sont devenues encore plus fécondes. Grâce à ces dons, nous osons accepter des retraitants fort blessés par la vie. Ne les voyons-nous pas également aller vers Jésus dans l'Evangile?

L'Ecole de Prière offre des retraites de trois, cinq, huit et trente jours. Avec l'aide de vingt accompagnateurs elle a déjà accueilli 3700 participants. L'explication et la méditation de l'Evangile, l'adoration, les charismes, l'accompagnement, le silence en sont les piliers.

Nous utilisons l'anthropologie de St. Paul qui divise l'homme en esprit (pneuma), âme (psyche) et corps. La science moderne se limite généralement à l'âme et au corps. Nous nous maintenons surtout au niveau de l'esprit, là où se joue la relation avec la Sainte Trinité. Nous employons des moyens spirituels pour la croissance de la vie spirituelle. Mais nous voyons et nous croyons que la relation au Père, au Fils et à l'Esprit Saint exerce aussi une influence sur l'âme et sur le corps. N'était-ce pas Jésus lui-même, qui, en pardonnant le péché du paralytique, a guéri aussi son corps ?

Bon nombre de retraitants, en ces nombreuses années, se sont vus guéris non seulement spirituellement, mais aussi souvent psychologiquement et physiquement, grâce à la pratique de l'adoration, de la méditation, de l'Eucharistie, de la réconciliation et des charismes.

Ces dernières décennies, beaucoup de chrétiens ont quitté l'héritage spirituel de l'Eglise pour se diriger vers les sciences humaines. Sûrement ces sciences trouvent- elles leur place dans la construction humaine. Ainsi Etienne Garin, un Jésuite parisien, a ouvert une maison "La maison de Lazare" où un médecin, un psychothérapeute et une équipe charismatique exercent un travail de groupe pour guérir les "Lazares" de notre temps. Ces équipes travaillent sous le même toit, mais individuellement, dans l'espoir de bien séparer les différentes disciplines pour mieux les discerner. Dans l'Ecole de Prière, nous nous limitons à la discipline spirituelle et nous laissons la psychothérapie, ainsi que la médecine à des professionnels de ces disciplines, en dehors de l'Ecole de Prière. Nous employons uniquement ce que le Christ a à nous offrir: "venez à Moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et Moi je vous donnerai le repos" (Mat.11,25). Et nous expérimentons qu'Il le fait; qu'Il fait de grandes choses, qu'Il est le même hier, aujourd'hui et pour l'éternité ( Hébr.13,8 ).

Les sacrements, pour beaucoup de croyants, se sont vidés de leur vitalité. Dans l'Ecole de Prière, nous les voyons vivifiants. Dans l'Eucharistie, c'est le même Jésus qui a rassasié 5000 personnes; dans la réconciliation, c"est le même Jésus qui a pardonné à Marie-Madeleine ses nombreux péchés; dans le sacrement des malades, c'est le même Jésus qui a guéri les aveugles.

Lorsque nous méditons la Parole de Dieu, lorsque nous la mâchons et la remâchons, cette Parole fait ce qu'elle dit. Dieu dit et la création fût. Il parle encore maintenant… et nous-nous mettons debout, nous-nous remettons à croire, à espérer et à aimer, progressivement nous devenons libres et souvent sains de corps et d'âme. Quand Dieu nous dit: "Vous êtes précieux à mes yeux", "n'aie pas peur", "Tes péchés te sont remis"... et quand nous laissons descendre ces paroles dans notre cœur pour les y garder, nous sommes capables de guérir d'un complexe d'infériorité, d'angoisse, de culpabilité etc...

Lorsque nous adorons l'Eucharistie plusieurs heures par jour et nous-nous établissons paisiblement dans le Seigneur, notre esprit se laisse toucher à la manière de notre corps, qui se dore et se réchauffe au soleil de l'été. Son Amour nous pénètre: Il devient "l'hôte très doux de nos âmes, la fraîcheur adoucissante, le repos dans le labeur, le réconfort dans les pleurs; sa bienheureuse lumière remplit jusqu'à l'intime le cœur de tous les fidèles" ( Séquence de la Pentecôte ). Tout ceci se vit dans la foi et non dans les sentiments. Beaucoup acquièrent "une nouvelle naissance d'eau et d'Esprit" (Jean 3,5 ).

Beaucoup aussi redécouvrent dans le sacrement de réconciliation une authentique libération. Ceux qui étaient accablés par des sentiments de culpabilité, qui les rendaient malades, en sont libérés par Jésus, qui les enlève non pas en niant le péché mais en l'effaçant. "Qui d'autre que Dieu seul peut pardonner les péchés?" ( Marc 2, 7 )

Des mariages, blessés ou brisés, retrouvent repos et paix dans la fidélité au sacrement du mariage. Je pense à Charles et Monique qui ont évité un divorce, conseillé par une voyante, et ont sauvé leur mariage par la conversion et la persévérance. Je pense à un autre couple, où Simone insultait Pierre pendant de nombreuses années, jusqu'au jour où une parole de connaissance lui dévoila combien elle-même avait durement blessé son mari pendant toutes ces années et qu'elle avait un pardon à lui demander. Je pense à Jeanne, qui a été abandonnée, il y a 20 ans, par un mari brutal et qui a fait maintenant le voeu de rester fidèle à son mari et au sacrement de mariage. Je pense à Marie-Noëlle, qui a vécu un enfer pendant 52 ans et qui a réalisé, à travers l'histoire biblique de Jacob, que Dieu les a sanctifiés, Paul et elle, à travers ce mariage.

"Ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés " (Luc.6,37). Cette parole de Jésus est un puissant médicament "spirituel". Les gens blessés n'arrivent pas à être en paix, aussi longtemps qu'ils n'ont pas pardonné, car ils sont créés à l'image de Dieu qui est Amour.

Paul fût abandonné par son père, il y a 26 ans. Il ne l'avait jamais revu. Lors d'une retraite à l'Ecole de Prière, il fondit en larmes pendant une adoration. Il eut une inspiration, qu'il devait pardonner à son père. A la Noël, il a invité son père et il l'a revu.

Cécile a été fortement blessée par son père pendant son enfance. Elle ne parvenait pas à le lui pardonner, malgré une dizaine de pèlerinages à Lourdes pour le demander à la Vierge. Pendant une retraite de 30 jours elle a dû se battre pendant 2 semaines contre ce pardon. La troisième semaine, elle s'est effondrée pendant la méditation de la Passion et par le regard d'une icône de Jésus. Elle a pardonné à son père défunt. Grande est sa joie !

Albert avait pardonné à son père défunt toutes les blessures qu'il avait dû endurer et pensait qu'il était quitte. Une nuit il rêva qu'il rossait son père. A son réveil, il se sentait bouleversé de découvrir en lui autant d'agressivité, que le Seigneur lui avait montré dans son rêve. Il a demandé pardon à son père. Maintenant il est un octogénaire rajeuni de vingt ans.

Depuis le début de l'année jubilaire, nous ressentons une forte recrudescence du flux de grâces. La foi, l'espérance et la charité sont à la hausse. Les gens deviennent plus conscients de leur péché. Il y a encore plus de conversions, de réconciliations et de guérisons intérieures. Etonnantes et puissantes! Le Seigneur vivant distribue, sans parcimonie, ses cadeaux d'anniversaire. Nous voyons les bourgeons du printemps, annoncé par notre St. Père pour l'année jubilaire depuis 21 ans. Le Seigneur vit. Nous L'avons rencontré.

*Les noms dans les témoignages ont été changés